Le discours du Parti nationaliste et de Kaïs Saïed semblent donner le feu vert aux discriminations raciales envers les Subsaharien·nes, qui font face à une violente vague de haine. Depuis plusieurs jours, de fausses informations, ciblant les Subsaharien·nes en Tunisie, sont relayées sur les réseaux sociaux et les médias. Qu’en est-t-il réellement? Inkyfada fait le point.
« Je ne suis pas raciste, mais… »
Au lendemain du communiqué, Kaïs Saïed s’exprime de nouveau pour affirmer que les migrant·es en situation régulière ne seront pas dérangé·es. “Les légaux, ils sont les bienvenus, on en veut plus, nous n’avons pas de problèmes. Les illégaux, il faut qu’ils retournent, mais dans le cadre du respect des législations et de leur dignité”, insiste également Nabil Ammar, ministre des Affaires Etrangères, qui dénonce de multiples manipulations visant à mettre “la Tunisie sur le banc des accusés”.
Pourtant, après ces déclarations, une vague de haine, basée sur la couleur de peau, prend de l’ampleur en Tunisie. Quelques jours après la parution du communiqué, à la Soukra, des jeunes attaquent et brûlent un immeuble où vivent des étudiants, selon l’AESAT . La police aurait été appelée, mais en vain. “La police vient mais dès qu’elle repart, les jeunes reviennent attaquer l’immeuble où logent nos étudiants et y mettent le feu”, explique l’association. Deux jours plus tard, à Sfax, plusieurs maisons sont saccagées, de nombreuses personnes sont attaquées, et même poignardées par des bandes de jeunes, selon des publications du Front anti-fasciste. 4 étudiants Ivoiriens boursiers sont attaqués la même journée, à la sortie de leur foyer universitaire. Une association témoigne recevoir des centaines d’appels à l’aide par jour.
En parallèle, plusieurs publications racistes et véhiculant des stéréotypes anti-noirs font le tour des réseaux sociaux, ainsi qu’une pétition visant à abroger la loi relative à l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale en vigueur depuis 2018.
Tunisie: les personnes noires victimes de racisme après les propos polémiques du président Kaïs Saïed pic.twitter.com/6AGHXvEXM2
— BFMTV (@BFMTV) March 8, 2023
Le prétexte de l’illégalité
Plusieurs organisations de la Société civile accusent le Président et le Parti nationaliste tunisien de racisme, mais ces derniers rejettent ces allégations en soutenant que leur priorité consiste à mettre fin à l’immigration irrégulière et au travail informel des ressortissant·es subsaharien·nes non régularisé·es.
Dans le débat public, les migrant·es considéré·es comme “illégaux” sont souvent stigmatisé·es et présenté·es comme des criminels, échappant à la justice. Certaines personnes diffusent même des vidéos trompeuses et sorties de leur contexte sur les réseaux sociaux, notamment dans des groupes et des pages qui soutiennent le Parti nationaliste ou le Président de la République. Dans son communiqué, Kaïs Saïed accuse ces “hordes de migrants illégaux de perpétrer des actes violents, criminels et contraires à la loi.”